vendredi 5 septembre 2014

(2) La revue PHASES, une avant-garde souterraine et libre





PHASES dans la tourmente lyrique de Mai-Juin 68




Du 4 au 15 juin
Salle de l'ancien Saint-Sauveur
à LILLE





























     

     Curieusement les moments les plus exaltés de la réalité ne sont pas forcément ceux qui résistent le mieux au temps. La poésie est approche de vie, affût, découverte puis approfondissement de sa propre sensibilité. Nous appelons Histoire ce qui porte au-delà de nous-mêmes et nous emporte dans son tourbillon, j'appellerais volontiers Poésie ce qui résiste au facile air du temps, qui compose aussi bien sûr avec lui, faute de quoi on ne comprend plus rien à l'époque dans laquelle on vit. D'autres que moi feront le procès des réalités historiques, nous sommes aujourd'hui bien loin des utopies rêvées de Mai 68. Notre jeunesse était puissante de ses fortes naïvetés, le monde n'est jamais si vieux qu'on croit, il sera encore et toujours temps de courir avant d'être rattrapé par ce qui n'a pas de visage.
     Je me suis doucement éloigné de Phases dans les deux années qui ont suivi tout en gardant pour Édouard et Simone admiration et bienveillance active. J'ai cherché ma soif et ma faim dans d'autres directions, mais nullement antagoniques avec les principes que nous avions toujours eus en commun. Chacun sa vie, chacun son itinéraire. Que je le veuille ou non, Phases et le surréalisme font
partie de ma formation intellectuelle et sensible, j'en suis fier, il y a ailleurs plus piètre école.

     Si je devais résumer en une seule phrase cette formation enchantée qui fut la mienne, je dirais que j'ai vécu ces années  comme les rêveries d'un promeneur collectif. Un individu, pour moi, ne sera jamais par nature l'ennemi de l'autre, d'un autre, même si les sociétés actuelles, quelles qu'elles soient, ne cessent de nous éduquer à croire l'inverse.

     Les "mutabilités" sont bien plus énigmatiques qu'on veut croire.
Je laisse au lecteur le plaisir de rêver sur le rapprochement qu'on peut établir entre ce qui précède et la belle toile de Pozzati ci-dessous (largement antérieure à
 mai 68 !).







Concetto Pozzati - Mutabilité de la terre
Bologne, 1966







                                   



                                                                               (... à suivre ...)                       Pierre Vandrepote


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